jeudi 5 juin 2008

Pensée du jour: l'autre versant de la mort n'est pas la vie, c'est la naissance




Ce qui conduit à la joie parfaite est, paradoxalement, ce qui est l'essence même de la souffrance:
"Non pas ma volonté".
Le centre même de la souffrance, la mort à soi, peut mener à la joie parfaite lorsqu'elle est offerte.

Une petite histoire pour illustrer ceci...

Le grain de blé est parfaitement heureux dans son grenier. Pas de gouttière, pas d'humidité, les petits copains du tas de blé sont très gentils, il n'y a pas de dispute, c'est parfait.
Permettez-moi de dire : petit bonheur de grain de blé dans un grenier.
Transposez: bonheur de l'homme, honnête aisance financière, succès dans les affaires, bonne santé et ainsi de suite...
Certes nous ne devons pas mépriser le bonheur humain, je vous souhaite à tous d'être heureux de ce bonheur-là, bonheur d'un grain de blé dans son grenier mais tout de même !
Petit bonheur au regard de ce que nous devons être pour toute l'éternité.

J'imagine que ce grain de blé est très pieux, il remercie Dieu...

Seigneur, je te remercie de ce que tu me donnes, ce bonheur qui fait que je suis tellement heureux dans mon grenier et je souhaite que cela dure toujours !
Il a raison de remercier Dieu.
Seulement, attention! Il ne faudrait pas que ce grain de blé s'adresse à un Dieu qui n'existe pas ! Or un Dieu qui ne serait que l'auteur et le garant du petit bonheur de grain de blé dans un grenier, même si ce bonheur est tout à fait légitime, je dis : un tel Dieu n'existe pas, il est une idole.
C'est précisément le Dieu nié par beaucoup d'athées qui sont nos contemporains.
Pouvons-nous dire qu'ils ont tort ? Et si le grain de blé s'obstine à chanter des cantiques, je prends ma plume et j'écris un traité pour parler de l'illusion des croyants.

Un jour, on charge le tas de blé sur une charrette et l'on sort dans la campagne.
La campagne est encore plus belle et plus agréable que le grenier.
Aussi, devant le ciel bleu, le soleil, les fleurs, les arbres, les plaines, les montagnes, le grain de blé remercie Dieu de plus belle : Seigneur, je te remercie, tout cela est tellement beau !
Il a raison, il faut remercier Dieu des belles choses qui sont ici-bas.
Mais il est toujours un grain de blé : un Dieu qui ferait que le grain de blé reste grain de blé, un Dieu qui maintiendrait le grain de blé dans un grenier, sans aucune espèce de fécondité, un tel Dieu n'existe pas.
On arrive sur la terre fraîchement labourée.
On verse le tas de blé sur le sol : petit frisson, c'est frais !
Peu importe, c'est agréable, c'est une sensation nouvelle.
Mais voici qu'on enfonce le grain de blé dans la terre.
Il ne voit plus rien, il n'entend plus rien, l'humidité le pénètre jusqu'au-dedans de lui-même.
Le grain de blé qui, par la mort inévitable, est en train d'être transformé, de devenir ce qu'il doit être, c'est-à-dire un bel épi, regrette le grenier où, en effet, il était très heureux mais heureux d'un petit bonheur humain.
A ce moment précis, il dit ce que disent autour de nous des millions d'hommes : si Dieu existait, de telles choses n'arriveraient pas.
C'est dommage car c'est précisément là qu'il s'agit du vrai Dieu : le Dieu qui le transforme pour le faire passer de l'état de grain à l'état d'épi, ce qui n'est possible que par la mort.
Le seul Dieu qui existe est celui qui nous fait croître, passer d'une condition simplement humaine à une condition d'homme divinisé.
Telle est notre histoire à tous, telle est la condition humaine. Il n'y a pas de croissance sans transformation, il n'y a pas de transformation sans mort et nouvelle naissance.
François Varillon, "Joie de croire, joie de vivre"

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